Ceux qui ont applaudi, de bonne foi et de gaieté de coeur, les coups d’Etat d’ici et d’ailleurs que l’on croyait révolus à jamais, s’en mordent les doigts. Ceux qui ont accueilli les militaires en héros et libérateurs, dans la passion, se cognent la tête contre le mur de regrets et d’amertume. Tout le monde doit admettre que les juntes se sont bien foutues de la gueule de chacun en laissant croire en leurs bonnes intentions dans des professions de foi messianiques avant de nous le faire à l’envers. Peu à peu, les militaires ont tissé leur toile et n’ont plus aucune géne à renier leurs engagements de départ de céder le pouvoir rapidement à des dirigeants élus, autres qu’eux, il faut bien le rappeler, parce que non contents de retarder délibérément le retour à l’ordre constitutionnel, ils songent tous à organiser des élections pour se légitimer alors qu’ils avaient tous juré qu’ils ne sont candidats à rien. Un parjure de plus ou de moins, à leurs yeux, ne comporte pas des risques et périls face à des peuples petrifiés ou subjugués , une communauté internationale complaisante ou impuissante. Ce n’est pas non plus dégradant dans un monde où la loi du plus fort a tendance à s’imposer, la détention du pouvoir, apparemment, dispense de bien se comporter en homme de devoirs et de principes et semble accorder un permis à tout faire. Alors, il n’y a plus de limites à rien, de scrupules devant personne. On ne craint pas davantage un soulèvement populaire, parce que les campagnes de répression et d’intimidation, se convaint-on, ont eu raison de la capacité à s’indigner, de la détermination à lutter, de la violence de l’instinct de survie. Tout doit se faire comme les juntes l’exigent et l’imposent, il n’est permis à personne de sortir des rangs au risque de passer pour un ennemi public, un imbécile, un apatride au service de puissances étrangères prédatrices.
Les élections ? Au mieux, elles se feront après une longue et pénible attente, quand voudra le prince et comme il le voudra aussi mais, jamais sans lui et contre lui. Aussi longtemps qu’ils seront là, au-dessus de nos têtes comme une épée de Damoclès, Rien ne passera pour personne sans les hommes armés qui se sont emparés des Etats, forts de leurs armes et portés par des élites serviles et opportunistes. Au pire, il n’en sera pas question, ni une priorité pour le peuple qui aurait d’autres aspirations ni un besoin de liberté et de démocratie, étant entendu que désormais on est porté à des refondations qui, au début, pour les naïfs étaient la promesse d’un monde nouveau et meilleur, mais, aujourd’hui, se révèlent à tous comme une apocalypse que personne n’a vu venir et n’aurait osé imaginé dans ses pires cauchemars.
On entend dire par les hommes en uniforme qu’ils ont bravé la mort pour perpétrer leurs coups d’Etat. Ils esperèrent qu’on n’affronte pas nos peurs pour nous débarrasser d’eux. Ils comptent sur leurs armes qui leur ont permis de prendre le pouvoir par effraction pour le garder, à nous, d’user de l’arme de notre courage et de la force de notre patriotisme pour nous libérer. Le destin d’homme libre ou les humiliations et servitudes de colonisés de juntes liberticides, à nous de choisir notre avenir après avoir tant subi. On est trop nombreux pour être tous tués. Alors, pourquoi nous résigner à la fatalité des coups d’Etat, aux souffrances des tentatives fâcheuses de nous asservir et soumettre ?
Quoi qu’il en soit, le peuple finit toujours par prendre sa revanche avec le temps et l’aide de Dieu.
Le vieux sage…
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