Personne n’aurait pu imaginer, dans nos pires cauchemars, en Guinée, à notre époque, que Kassory Fofana pourrait être gardé en prison plus de deux ans, pour rien, dans l’indifférence et le silence coupables de tous, amis et adversaires. Des années perdues qui ne se rattrapent pas dans une vie d’autant précieuse qu’elle est limitée dans le temps.
On se donne bonne conscience avec des visites de convenance personnelle qu’on lui rend parfois, les messages de compassion et de sympathie qu’on lui adresse, à longueur de journée, quelques efforts de soutien et des actes de solidarité qu’on consent, bon gré mal gré. On voit bien que si cela peut le consoler dans sa solitude et lui faire sentir, autant que faire se peut, qu’il n’est pas abandonné à lui-même, ce n’est pas ce qu’il pourrait attendre et espérer de chacun pour obtenir sa libération tant attendue qui n’a que trop tardé et recouvrer ainsi ses droits, arbitrairement, confisqués.
Dans une société consciente, responsable et humaniste tout le monde a le devoir d’agir contre l’injustice, l’arbitraire. Or, face au sort inique réservé à Ibrahima Kassory Fofana et d’autres personnalités du défunt régime, il n’y a pas de concert d’indignation ni d’actions de protestation véritables entreprises à ce jour. Et, pourtant un ancien Premier ministre n’est pas n’importe qui, surtout celui dont il s’agit qui est un homme bien et de bien, dévoué à son pays, charitable avec les autres.
Tant de Guinéens, sans aucune distinction ni la moindre discrimination, de tous les âges, des quatre points cardinaux du pays ont bénéficié, de tout temps, de sa bienveillante attention, de ses largesses incroyables, de sa sollicitude constante. Spontané , il s’offre sans réserve, généreux, il donne sans compter. Ce qui profite aux autres, les citoyens, bien sûr, les différentes notabilités à tous les échelons de la société, de l’administration et de l’Etat, également. Dansa Kourouma, président du CNT était un de ses “petits” qu’il a couvé et choyé. Dr Morissanda Kouyaté, ministre des affaires étrangères de la transition était parmi ses visiteurs et laudateurs les plus assidus, ousmane Gaoual Diallo, ministre des transports trouvait auprès de lui une oreille attentive et savait recourir à ses services. Bah Oury, récemment, promu Premier ministre, était toujours le bienvenu chez Kassory Fofana qui l’a aidé comme il a pu dans sa galère.
Le Général Mamadi Doumbouya, Président de la transition, lui-même, dans un passé très récent, a eu des relations cordiales avec l’homme que son régime semble avoir oublié dans ses geôles. D’autres encore, très nombreux, au sein de la classe politique et ailleurs ont partagé le bonheur de Kassory Fofana et lui ont juré fidélité, mais, aujourd’hui, ne prennent pas de risques à le soutenir et défendre sa cause. Parce que là où il se trouve dans sa réclusion forcée, il ne peut apporter rien à personne dans sa carrière et sa vie ni délier la bourse pour satisfaire comme d’habitude les besoins des uns et des autres. Pendant qu’il passe de longues journées, des nuits blanches à s’interroger à propos des raisons de son malheur et de la duplicité de compatriotes qu’il avait en haute estime, ses amis, visiteurs, soutiens, partenaires, d’hier, ont le sommeil léger et vaquent tranquillement à leurs occupations.
Toutes les personnes qui ont conduit Kassory Fofana, en prison parce qu’elles disposent d’une portion de pouvoir ou d’autorité et les autres qui ne font rien pour qu’il en sorte, parce qu’ils n’ont pas de mémoire ni de cœur, sauront bientôt que la roue de l’histoire tourne, le châtiment de Dieu est l’avenir commun aux méchants et aux ingrats.
Thierno Hassan Sakho
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