Si tout flatteur vit aux dépends de celui qui l’écoute, le sort de beaucoup dans le pays ne tient qu’à un fil, celui du décret, relevant de la volonté souveraine et du pouvoir discrétionnaire d’un homme qui est en même temps, à lui seul, une institution: le chef de l’Etat. A lui d’user de ses pouvoirs exorbitants à son profit plutôt qu’à son détriment en triant au volet ses collaborateurs qui ne peuvent pas venir de nulle part et gravir les échelons jusqu’au plus haut sommet de l’Etat. Si non, c’est la chienlit, la débandade dans la vie publique comme maintenant.
Au demeurant, le CNRD avec ses recrues, de tout acabit, d’horizons divers et obscurs, n’a pas besoin d’ennemis. Nullement ! Il en compte de nombreux dans ses rangs et ses différentes instances. Un porte-parole du Gouvernement, épidermique et trop clivant, un Premier ministre loquace et imprudent, des commissaires de la HAC, mouchards et délateurs et beaucoup d’autres serviteurs qui se comportent comme des éléphants dans un magasin de porcelaine, c’est assez pour couler n’importe quel homme et sceller le destin de tout régime. Dans les prises de parole et de position, éruptives, sous le règne du CNRD, chacun s’autorise à tout dire et n’importe quoi dans l’insouciance totale et l’impunité garantie. Ainsi, ce qui se murmure et trame dans les couloirs, entre quatre murs, se retrouve, malencontreusement, sur la place publique. Ce qui relève du sacré et devrait demeurer dans les carnets secrets de l’Etat est agité comme chiffon rouge, brandi comme arme. Il n’y a plus de limites dans la parole ni de précautions dans le langage. On est à l’heure du déballage pur et dur avant toute déclassificacion et avec une certaine licence et dans la plus grande désinvolture. Que fait-on de l’omerta chère à la grande muette ? Où sont passées la pudeur et la réserve propres aux commis de l’Etat, rappelées pendant les prestations de serment institutionnalisées, ces derniers mois, des hauts cadres de l’administration publique ? Tout ça parce que n’importe qui accède à toute fonction, aujourd’hui, et du jour au lendemain se retrouve au cœur du pouvoir. Le pouvoir de transition s’est fait du mal lui-même et tout seul. L’Etat a perdu tout son lustre, n’a plus de mystères, les fonctions ne revêtent plus aucune gravité. La République a perdu toutes ses lettres de noblesse, l’image du pays est si abîmée qu’il faudra du temps et des travaux d’Hercule pour redorer son blason avec ou sans branding, étant donné que ce n’est pas en tout que la forme commande au fond.
Le Président de la transition est cité, à tort et à travers, dans les discours publics, son honneur et sa responsabilité engagés, à tout bout de champ. C’est lui qui est mis en avant dans tout et malgré son silence monocal est responsable de tout, surtout de ce qui fâche et aliène l’opinion. Personne ne veut en être le bouclier, chacun en fait son fusible. Au fur et à mesure que son entourage proche et lointain s’exprime, se dévoile, commet des impairs, il perd un peu de sa crédibilité et beaucoup du mythe de sa fonction suprême. C’est vrai qu’il a déclaré qu’il n’y a pas d’école pour l’expérience, mais, il était loin d’imaginer que l’inexpérience lui coûterait aussi cher, l’amateurisme à certains niveaux de l’Etat, de l’administration, des institutions ferait autant de mal à son régime et à lui-même. A chacun son métier et le changement ne se décrète pas, pas plus que le mérite et la compétence assortis de bonne moralité, mon Général !
Thierno Hassan Sakho
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