Mory Condé ou le parcours d’un homme humble et patient !

Sa discrétion n’a d’égal que son instinct d’être porté sur le travail d’excellence.«Mory Condé», est aujourd’hui une référence pour les jeunes qui veulent aller loin, sans bruler les étapes. Le noiraud de la savane ne baisse jamais la garde.

Falot, effacé, il n’attire pas les regards, et passe inaperçu, parce qu’il mène tout dans le plus simple appareil. Pourtant Mory Condé a une route bien tracée avant de sortir de l’anonymat. Ses armes, il commence à les affuter étant jeune pousse à l’université Julius Nyerere de Kankan, où il prend gout à la vie associative comme animateur, encadreur, député junior, parfois même point focal des structures à dimension institutionnelle dans l’accomplissement des actions d’intérêt communautaires, par le leadership dont il a toujours rêvé dès sa tendre enfance. L’accroc des sciences exactes, a vite boxé sur les rings des boxeurs néophytes nés assagis, pour enfin vaincre KO l’adversaire toute leur carrière.

Produit de la « méritocratie »
De l’expérience dans l’assistance humanitaire comme la gestion de la prévention du VIH/ SIDA, Mory en a à revendre, par un professionnalisme calqué sur les modèles de ses différents moniteurs. Beaucoup d’eau a coulé sous le pont ! Après avoir suivi pas mal de leçons de vie sur fond de rigueur, l’homme prend son destin en main quand il crée l’alliance pour la promotion de la gouvernance et des initiatives locales (AGIL) le 22 septembre 2006.
De l’état informel, l’association devient une ONG dont les bureaux se trouvent dans toutes les régions du pays et, travaille aujourd’hui avec toutes les institutions présentes en Guinée, notamment les agences des Nation-Unies. Avec celles-ci, L’AGIL développe des projets pour accroitre le service public au niveau local. Ce volet gouvernance concerne l’eau, l’assainissement, l’éducation, la santé, l’enfance, l’environnement, la sécurité alimentaire et nutritionnelle. « Le partenariat va au-delà de l’exécution du projet par AGIL, nous et nos partenaires agissons ensemble dans tous les aspects de l’amélioration des conditions de vie des communautés », précise le directeur de l’ONG.

Humble dans la victoire
Discret, la trentaine révolue, Mory Condé a le don de l’humilité. Quand il s’agit de s’imposer, il avance ses pions avec lenteur. Mory condé avance silencieusement, avec ordre et méthode. Pas d’enthousiasme chez lui, patient et rusé. «Il se présente comme un partenaire humble et bienveillant. La réalité est parfois différente… Qu’importe, il a construit sa vie et son entreprise comme une maison. D’abord, des fondations solides, capables de résister à toutes sortes d’intempéries. Ensuite on s’élève, on renforce les fondations et on monte. Rien n’est laissé au hasard. Seule inconnue, le nombre d’étages de la maison », nous confie Sékou Keita un de ses amis d’enfance, en même temps superviseur VIH/ SIDA au compte d’AGIL dans la préfecture de Kindia. Mory lui-même dit préférer être un vainqueur pudique plutôt que le brillant conquérant détesté.

Sensibilité sociale
Aujourd’hui, le fils d’ingénieur agronome et orphelin de mère, est à la tête d’une structure meublée d’un personnel de 97 agents qui travaillent à temps plein, 48 emplois indirects, dont, 47% sont composés de femmes. AGIL pèse un budget de 1 à 1 500 000 dollar par an.
Pour en arriver là, des années de soumission ont été nécessaires pour le boss. Ces collaborateurs le savent sociable, et le qualifient de rassembleur, jovial, et reconnaissant.

Interlocuteur redouté et libre d’esprit
Chez lui, pas de place pour l’à peu-près. Il pense qu’AGIL est une école où il peut se faire violence, afin d’atteindre la perfection en permanence. Qui plus est, il n’aime pas gérer les détails, une fois que l’équipe s’est fixé un objectif et, quand il y a blocage, ensemble, vous empruntez une autre piste, ou bien tu quittes le navire, martèle-t-il.

L’opiniâtreté dans le travail
Bardé de trois masters en management et gestion, santé publique, et coopération internationale, Mory croit dur comme fer à l’avenir, estimant que lorsque tu veux changer les choses, tu ne peux le faire que quand tu atteins le cœur des gens. Sa référence : Abraham Lincoln qui, de 30 à 60 ans n’a connu que d’échecs mais, sans désemparer, il croyait en ce qu’il voulait : la présidence des USA. « Quand j’échoue sur un projet, je suis remarqué et pointé du doigt. Mais après chaque échec, j’en tire des leçons et cela me permet d’apporter une touche d’amélioration, précise-t-il. »

Pour vérifier tout cela, son amour pour le travail en dit long. Il ne veut jamais abdiquer devant les contraintes du boulot, lui qui pense qu’il n’a pas de vie de famille dans la mesure où il analyse le concept famille sous l’angle non pas des liens biologiques, mais plutôt des personnes avec lesquelles il parle boutique. Mory aime partager les 7 jours de la semaine avec cette famille professionnelle, affirmant du coup qu’il reste le même Mory depuis l’enfance dans le Nabaya au bord du fleuve Milo où, il a appris l’altruisme dont l’étiquette lui est collée par ses amis.

In EMERGENCE