Nouveau gouvernement : il faut enfin trancher, le pays est paralysé (édito-Djoma Mognouma)

La seule certitude, à ce jour, près d’un mois après le départ du désormais ancien Premier ministre Goumou et de toute son équipe, c’est la structure gouvernementale publiée en début de la semaine dernière.

Une structure qui dévoile aussi bien le nombre de ministres à nommer que l’ordre protocolaire. Il n’y aura pas plus de 29, malgré les multiples offres et des espoirs que peuvent nourrir presque tous les Guinéens qui se rêvent ministrables et qui s’attribuent, à cet effet, des qualités indues, pour assumer cette fonction pourtant hyper élitiste.

Pour le reste, c’est de la chimère ! Chaque jour suffit son lot de rumeurs. Les marchands d’illusions empoisonnent la cité de spéculations.

Dans cette affaire, ce qui a évolué, c’est le cénacle qui a le pouvoir de propositions. Lui qui s’est reconstitué pour extirper de ses rangs des collaborateurs indiscrets.

Pas une once d’informations fiables sur ce qu’on est en train de nous fabriquer au sommet de l’Etat. Là-bas, hélas, on a l’impression qu’on ne soit pas pressé.

Tout semble aller comme si de rien n’était, alors que   depuis trois semaines, jour pour jour, la Guinée est sans gouvernement.

Cette situation serait presque drôle d’absurdité si elle ne paralysait pas le pays qui fonctionne à pas feutrés.

Pour preuve, les paiements de toute nature sont gelés. Seuls ceux liés aux salaires et à l’entretien de l’armée, la grande muette qui aurait brisé le silence pour revendiquer sa part de gâteau important dans le futur machin, sont autorisés, sans coup férir.

Une question de bon sens, certainement. Mais sûrement, une question de survie pour maintenir la quiétude sociale apparente, qui est très précaire ainsi que la stabilité en ces moments de menaces terroristes  qu’on nous vend à tout vent.

Conséquence, l’économie tourne au ralenti.  L’administration aussi qui  en dépend fortement est complètement paralysée.  Dans un pays où tout est priorité.

Dans un pays où les ressources se raréfient à cause des crises exogènes et endogènes multiformes, il y a lieu de se faire du mouron. C’est à l’intention de ceux qui savent mesurer les conséquences d’un tel vide.

La situation impose que l’on se demande qu’est ce qui peut bien retarder la nomination d’une équipe  composée de 29 ministres, surtout pour des dirigeants qui ne sont  pas à leur  premier exercice du genre. Des dirigeants qui ont passé plus deux ans au pouvoir, ce qui leur a permis de côtoyer et d’apprécier des cadres de leur administration, et au-delà, à même de combler leurs attentes, conformément à la mission à leur confier.

Il est évident que les choix dépendent de la mission qu’on a encore du mal à déterminer.  A un an de la fin de l’échéance, conformément au chronogramme qui marque la fin de la transition, les contraintes ne peuvent plus être les mêmes. L’environnement économique, doublé d’une crise politico-sociale de plus en plus aiguë, rendent la situation disruptive, donc  difficile à contenir dans un avenir proche, si on maintient le même fonctionnement empreint d’un peu de dédain et de grand amateurisme.

Le nouveau Premier en est conscient.  C’est d’amener alors ses interlocuteurs qui feignent de tout ignorer, de se rendre à l’évidence afin de mettre en place un gouvernement qui allie compétence et représentativité politique, au gré d’une ouverture politique.

On verra si l’obsession d’emmurer toute initiative d’ouverture connue chez les dirigeants militaires, si cette obsession, résistera au principe de réalité.

Mognouma

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