N’Zérékoré: vive tension entre le maire et la notabilité autour d’une affaire de 100 millions «offerts» par le PM

Un présumé don de 100 millions de francs guinéens offerts par le nouveau Premier ministre Bah Oury, pollue actuellement les relations entre le président de la délégation spéciale et le conseil patriarcal de N’Zérékoré.

L’actuel locataire de l’hôtel de la ville, Fassou Goumou, est accusé de diffamation par une faction du conseil patriarcal. Selon les proches du patriarche, Goumou aurait affirmé que le patriarche, Goïkoya Lambert Zogélémou, a reçu une somme de 100 millions de francs guinéens de la part du Premier ministre actuel, Bah Oury. Celui a remplacé à la tête de la Primature Bernard Goumou, natif de N’Zérékoré. Ce n’est pas tout. Le Conseil patriarcal prête également à Fassou Goumou l’intention de semer la « pagaille » à N’Zérékoré. Ces allégations ont été tenues lors d’un point de presse organisé hier mardi 26 mars au domicile de Goïkoya Lambert Zogélémou, patriarche de N’Zérékoré.

 » C’est lui-même (Fassou Goumou, ndlr) que le patriarche a placé à la tête de la délégation spéciale, qui est à l’origine de la discorde à N’Zérékoré. Il a été la première personne à se rendre à Conakry où il a laissé le patriarche pour revenir. Il est venu affirmer que 100 millions ont été remis au patriarche et que ce dernier n’a donné que des miettes aux personnes qui l’accompagnaient. Il devrait présenter des preuves. Car, nous sommes dans un monde moderne. Il doit y avoir des documents pour étayer ses dires. Même si le patriarche reçoit de l’argent, rien ne justifie qu’il doive le distribuer aux gens « , a expliqué Edmond Gamy Zogélémou, l’un des conseillers du patriarche. Et de poursuivre :  » le patriarche est allé saluer le nouveau Premier ministre, Bah Oury, et féliciter Bernard Goumou. Lui, Fassou Goumou affirme également que le patriarche aurait dû le consulter avant de saluer le Premier ministre. Il devrait consulter le Code des collectivités révisé. Nulle part, il n’est indiqué que le président de la délégation spéciale a un droit de regard sur les actions du patriarche « .

C’est à la suite de la visite du conseil de la délégation spéciale chez l’ancien patriarche, David Massa Zogélémou, en convalescence, que le conseil patriarcal, reconnu par le régime transitoire a soupçonné Fassou Goumou d’avoir des velléités de déstabilisation. Pourtant, il avait auparavant réussi à réconcilier les deux camps, autrefois farouchement opposés pour la succession du défunt patriarche Hazaly Zogélémou.

 » Il a entrepris des démarches à la maison patriarcale à la Bellevue. Cette maison appartient au patriarcat. Il n’a pas été dit qu’elle était destinée à l’ancien patriarche. Malheureusement, elle est devenue un foyer de déstabilisation pour N’Zérékoré. Je tiens le gouverneur et le préfet pour responsables. Car, cela se passe sous leurs yeux. N’Zérékoré est un havre de paix mais un petit groupe ne veut pas la paix ici « , a accusé le porte-parole du conseil des sages.

Pour sa part, le principal mis en cause, Fassou Goumou, a catégoriquement réfuté ces accusations de la notabilité.  » Nous sommes allés saluer David Massa Zogélémou (ancien patriarche reconnu par le gouvernement déchu d’Alpha Condé) qui est en convalescence. Depuis son retour de Conakry, personne n’est allé lui rendre visite. Les gens peuvent m’accuser d’autre chose. Ils peuvent dire que la mairie a pris parti. Il est de notre devoir d’aller saluer David car, il est l’un des conseillers du patriarche. Si le Premier ministre leur a donné 100 millions, je n’en suis pas au courant et je n’en ai jamais parlé. Je n’étais même pas au courant de son déplacement à Conakry. J’étais à Conakry pour des raisons de santé. Lorsque j’ai été informé de son retour, je suis allé lui dire au revoir avant de revenir à N’Zérékoré. Ils ont fait un amalgame entre le gouvernement de Bernard Goumou et celui de Bah Oury. Je ne suis pas surpris. Pourquoi devrais-je m’énerver pour cela ? Je suis le président de la délégation spéciale de N’Zérékoré grâce au gouvernement de transition « , a-t-il répliqué à ses accusateurs.