Monsieur le Premier ministre, Chef du Gouvernement ;
Mesdames et Messieurs les membres du CNRD en vos grades et fonctions respectifs ;
Messieurs les Présidents des Institutions Républicaines ;
Messieurs les ministres et hauts cadres du cabinet du Président de la République ;
Mesdames et Messieurs les membres du Gouvernement,
Madame la Gouverneure de la Ville de Conakry ;
Distingués invités en vos titres, grades et fonctions tout protocole observé ;
Mesdames et Messieurs ;
Nous saluons la tradition Républicaine à laquelle nous consacrons ce jour pour la déclaration de politique générale du nouveau Premier Ministre, M. Amadou Oury Bah qui démontre que nous avons en partage la volonté de consolider notre démocratie. Cette volonté nous commande d’entretenir un dialogue constructif qui nous met constamment ensemble, pour faire face aux multiples défis visant à améliorer les conditions matérielles d’existence de nos populations.
Nous partageons une aspiration commune, qui doit nous conduire à mener nos actions respectives dans le cadre d’une dynamique inclusive, propre à fédérer nos énergies en faveur du développement durable et global de notre pays.
L’évènement que nous vivons est en effet, marqué du sceau de la solennité et de l’histoire, puisque le Gouvernement, par la voix du Premier Ministre, vient exposer, devant les représentants du peuple que nous sommes, les choix politiques et orientations stratégiques de la Nation.
Par la même occasion, il va, sans nul doute, traduire sa vision, sous la forme d’une feuille de route, qui égrènera les priorités pour traduire en actes concrets les instructions reçues de Monsieur le Président de la République le Général de corps d’Armée, Mamadi Doumbouya sur le cours de la Transition.
Monsieur le Premier Ministre,
En venant dans cette salle, je me suis soumis au même rituel de conscience, lire et relire le serment d’allégeance à la République ou en d’autres termes le serment de loyauté à la nation.
Cette promesse solennelle et engageante, que nous avons prêté avec enthousiasme avant d’être renvoyé dans nos fonctions. Nous toutes et tous investis d’une parcelle de pouvoir pour servir notre Nation, sous leadership du Président de la République.
Nous sommes investis d’une mission fondamentale commune, à savoir : mettre la démocratie au service de la paix et du développement durable et construire la société prospère à laquelle rêve et aspire le Peuple de Guinée.
Dans cette perspective, la collaboration harmonieuse qui doit nécessairement prévaloir entre un Gouvernement et l’institution parlementaire demeure le gage essentiel pour l’exercice efficace et le succès de nos missions respectives.
Notre organe législatif par ma voix, vous encourage à persévérer dans la volonté de sacraliser cette harmonie, pour le plus grand bénéfice du travail commun de construction nationale, que la Charte de la Transition nous a confié. Cette Charte que j’appellerai le long de ce discours la Charte de la République.
Je ne crois pas que je devrais passer sous silence le fait que ce travail commun pourrait donner lieu, de temps en temps, à des débats vifs, voire âpres ; mais n’est-ce-pas là le symbole expressif de la vigueur de la Démocratie et de l’Etat de droit qu’ambitionne le CNRD ?
Dans tous les cas, je le souligne, et pour m’en féliciter, que nos débats sont et resteront toujours empreints de respect et de considération mutuels, car chacun de nous se conforme, en toutes circonstances à l’esprit et à la lettre des prérogatives de chaque institution, fixées par la Charte de la République.
Dans ce contexte, permettez-moi, M. le Premier Ministre, de rappeler, qu’à mon humble avis, la sécurité est le premier des droits fondamentaux de l’homme et du citoyen, parce que si l’impératif sécuritaire n’est pas satisfait, c’est la loi du plus fort qui s’installe et, conséquemment, toute idée de société se dissipe.
Garantir la sécurité de nos citoyens dans le nouveau contexte créé par la prolifération des incendies, par la récurrence d’accidents meurtriers sur nos routes et par les actes de banditisme se soldant très souvent par des assassinats, ne doit pas être un espoir évanescent, c’est une obligation fondamentale, disons un impératif catégorique.
Cet impératif rend urgent le renforcement des capacités d’intervention rapide de nos forces de défense et de sécurité, à travers leur formation et leur équipement appropriés. Des forces de défense et de sécurité bien formées et équipées agissent sous serment et obéissent aux lois de la République.
La justice, comme idéal et institution, est le pilier central de notre devise et la boussole de la Transition. Nous devons concevoir et agir de concert pour qu’elle demeure indépendante et crédible par l’équité de ses décisions et son accessibilité permanente. Les réformes la concernant, doivent être profondes et étendues aux ressources humaines, aux infrastructures judiciaires et pénitentiaires et aux équipements de toutes natures.
La lutte contre la corruption doit être intensifiée et menée avec efficacité et abnégation pour restaurer la confiance du peuple dans notre système judiciaire. Rehausser la justice à la bonne place, est la clé de voute pour asseoir une confiance réciproque entre les citoyens et l’Etat.
Monsieur le Premier Ministre,
Notre administration publique est à la croisée des chemins. Les départs massifs à la retraite constatés doivent servir de levain à la grande réforme de l’Etat et ne pas paralyser certains secteurs.
La modernisation et la transparence de notre administration publique sont cruciales pour une gouvernance efficace, débarrassée de la bureaucratie excessive et respectueuse de l’impartialité des procédures de recrutement et de promotion fondée sur la primauté du mérite et de la compétence
Monsieur le Premier Ministre,
Quand bien même les progrès réalisés en ce qui concerne les finances publiques sont encourageants, la gestion rigoureuse et transparente des deniers publics et le respect des lois de finances et de règlements financiers, aussi bien dans le cadre de la collecte et de la mobilisation des recettes, qu’en ce qui concerne la surveillance rigoureuse de la chaine dépenses, demeurent la clef de voûte pour soutenir l’émergence et le développement économique et social.
La refondation s’étend également à bien d’autres des secteurs stratégiques.
La diplomatie, dont je salue le pragmatisme et le réalisme, a contribué à renforcer le rayonnement de notre pays sur la scène internationale et à établir des relations bilatérales et multilatérales solides, éléments essentiels pour le développement et la sécurité de notre pays.
Toutefois, je fais remarquer que la dignité des représentations de la Guinée à l’extérieur inspire des préoccupations sur le plan des infrastructures des ambassades et consulats dont les aspects extérieurs sont préjudiciables à notre image de marque politique.
Monsieur le Premier Ministre,
Aujourd’hui, la mise en œuvre du plus grand projet minier au monde, le Simandou est une source d’espoir pour les populations, comme le sont d’innombrables projets d’infrastructures qui prolifèrent un peu partout dans notre pays. Votre attention doit être constamment portée sur ceux qui sont au ralenti et davantage sur ceux qui sont à l’arrêt. Le CNT, par ma voix, vous interpelle à leur sujet.
Monsieur le Premier Ministre, Mesdames et Messieurs,
L’habitude est prise, ici et là, de parler d’un retour à l’ordre constitutionnel. Je pense humblement, en rejoignant l’avis de ce juriste, que l’on devrait davantage parler de « retour à l’ordre démocratique », puisqu’une Charte faisant office de Constitution, encadre juridiquement la Transition.
Sur un autre plan, Monsieur le Premier Ministre, je voudrais faire remarquer que si des avancées sont enregistrées en matière de santé et d’éducation, il y a lieu de procéder à des reformes plus profondes pour optimiser ces avancées, en termes de prévention des épidémies et pandémies, de prise en charge de maladies chroniques, d’assurance maladie universelle et de formation des médecins et agents de santé publique.
Le réarmement moral et civique de notre jeunesse comporte l’exigence d’investir dans l’éducation et la formation professionnelle, le contenu local pouvant y contribuer comme source innovante.
Des politiques écologiques novatrices pourraient préserver et mettre en valeur nos ressources naturelles pour les générations futures. Dans ce sens, nos politiques minières et d’urbanisation devraient cesser d’être intrusives et nocives pour notre environnement.
Sur le plan énergétique, nous croyons, au sein de cette assemblée délibérante, qu’il faut repenser la politique énergétique en luttant d’abord contre les déperditions, en investissant massivement dans le transport de l’énergie, dans la lutte contre la vétusté des réseaux.
La politique énergétique doit réinventer son mix énergétique, par l’association à notre parc de barrages hydroélectriques, un dispositif solaire et éolien.
S’agissant de la desserte en eau, des dispositions plus intelligentes doivent être envisagées pour améliorer et étendre les adductions d’eau , en même temps freiner la prolifération destructrice des forages. A ce sujet, nous recommandons de procéder à une cartographie des forages pour endiguer cette tendance.
Monsieur le Premier Ministre,
A propos de la décentralisation et des modalités de son effectivité, la conception d’une politique adéquate de formation des élus locaux en gouvernance locale, prenant appui sur le transfert des moyens, des ressources et des compétences, gagnerait à être expérimentée avec les délégations spéciales comme laboratoire de bonnes pratiques et héritage pour les futurs maires.
Il nous faut innover sur tout ce qui a trait à la problématique des transports. Il faut impliquer plus encore le secteur privé avec des accompagnements conséquents, notamment pour l’obtention des minibus et taxis. Le transport est un secteur qui demande que nous innovions, en raison de son fort impact sur les autres secteurs.
L’aménagement du territoire doit être conçu et effectivement admis comme une compétence des communes qui doivent l’exercer suivant leurs particularités locales.
L’agriculture guinéenne pose le paradoxe que notre pays dispose de terres arables à suffisance mais que nous dépendons entièrement de l’importation ; d’où la nécessité d’adopter une politique d’orientation agricole et pastorale qui passe par une stratégie de l’aménagement des terrains et par des études du sol.
Je ne terminerai pas ce plaidoyer sans attirer votre attention sur la priorité qu’il faudrait accorder aux activités d’un secteur qui ne bénéficient pas, dans nos plans de développement, de la priorité qu’elles méritent.
Il s’agit de la Pêche dont la part contributive dans le PIB est faible ainsi que la problématique de l’approvisionnement du marché intérieur à certains moments de l’année. Redonnons-nous les moyens de reformer ce secteur afin de le hisser à un niveau de performance souhaitable.
De plus, soutenir, la Pêche, l’élevage et l’Agriculture est cruciale pour assurer la sécurité alimentaire et créer des emplois durables dans notre pays.
Tels sont, Monsieur le Premier Ministre, quelques sujets de réflexions et de partage que votre passage devant nous suscite. Evidemment, d’autres préoccupations des Conseillers nationaux vont vous être soumises, à travers des questions, dans le seul objectif d’enrichir notre dialogue.
Que Dieu bénisse la Guinée et les Guinéens
Je vous remercie
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