Répression des manifs anti délestages à  Kindia : le procureur fait le point

Au lendemain de la manifestation contre le délestage électrique qui a occasionné la mort de deux jeunes et une quinzaine de blessés, le procureur de la République près le tribunal de première instance de Kindia, Damou Camara a fait une sortie médiatique pour parler des tueries, blessures et dégâts matériels pour lesquels il aurait déjà ordonné des enquêtes.

Selon le procureur, 37 personnes ont été interpellées suite à cette manifestation qui a occasionné la mort par balles d’Abdoulaye BARRY et Alpha Saliou Diallo, deux élèves respectivement âgés de 07 et 14 ans. La manifestation, selon le procureur, a aussi fait treize blessés dont cinq policiers et de nombreux dégâts matériels dont véhicules de police endommagés et les locaux de la brigade de proximité de Sambaya qui ont été incendiés. « En application des dispositions des articles 46 et 47 du Code de procédure pénale, j’ai déjà instruit la brigade de recherche de Kindia de procéder aux enquêtes pour assassinat, coups et blessure volontaires, destruction d’édifices, vol et incendies.  Faits prévus et punis par les dispositions des articles : 208, 239, 373, 510 et 523 du Code pénal », a indiqué le procureur devant les caméras et micros.

En faisant cette annonce, Damou Camara a voulu faire comprendre à la population de Kindia que le délestage actuel découle de l’incendie du dépôt d’hydrocarbure de Coronthie. « Il est fondamental de rappeler à nos concitoyens que ces coupures d’électricité sont l’une des conséquences de l’explosion du dépôt central d’hydrocarbure de Coronthie survenu le 18 décembre 2023 et qui a endeuillé toute la République de Guinée. Actuellement le gouvernement à travers la société nationale de pétrole (SONAP) est à pied d’œuvre pour un retour rapide à la normale », a dit le procureur. Et de poursuivre : « nous traversons une crise qui ne saurait être résolue par des manifestations de rue, des jets de pierre ou de casse. C’est pourquoi j’appelle chacun et tous à faire preuve de sérénité, de résilience et de patriotisme ».

La manifestation a-t-elle été réprimée par l’armée ? Là-dessus, le procureur a déclaré : « à ma connaissance, j’ai échangé avec le commandant de la gendarmerie régional au téléphone en lui demandant d’envoyer les escadrons et la CMIS pour maintenir l’ordre publique sur le terrain à travers les armes conventionnelles. Parce qu’eux, ils sont outillés pour disperser les manifestants. Moi, j’ai passé toute la journée d’hier en audience au niveau du parquet. En réponse, le commandant m’a fait savoir que les gendarmes étaient déployés sur le terrain et qu’un comité de crise était déjà réuni au niveau du gouvernorat pour une réunion. C’est sur ces mots que moi je lui ai raccroché pour continuer mon travail. Ce qui est sûr, il y a eu deux morts par balle. C’est constant, puisque je me suis rendu personnellement à la morgue pour constater et j’ai vu les corps sur lesquels il y avait des traces de balles. J’ai instruit à la brigade de recherche de trouver les coupables et situer les responsabilités. Les enquêtes sont ouvertes. Sur ces faits-là, moi j’ai déjà parlé d’assassinat à travers un courrier que j’ai adressé à la brigade de recherche. Je n’étais pas associé, ni impliqué dans la réquisition de l’armée sur le terrain. C’est pourquoi je demande une enquête ».