Tenues extravagantes en milieu scolaire : les établissements de Labé, comme pris en otage  

Dans la commune urbaine de Labé, l’école, lieu d’acquisition du savoir, a tendance à se transformer en un endroit d’exhibition, de débauche, où une compétition sans merci est lancée entre élèves.  Cela s’observe surtout au plan vestimentaire ou pour être plus large, celui de la sape. Chacun use de tous les moyens à sa portée, pour attirer l’attention des uns et des autres, sur sa tenue, sa coiffure, ses baskets ou ses gadgets de dernière génération. C’est ce qu’a constaté sur place, la rédaction de guineenews.

Théophile Lamah, étudiant au centre universitaire de Labé déplore cette situation qui, dit-il, n’honore pas les établissements et institutions d’enseignement. «C’est bien vrai que les élèves d’aujourd’hui, en allant à l’école, s’habillent n’importe comment, sans respect des règles et principes de l’école. Ils sont en pantalon serré  qui descend jusqu’aux cuisses, pour les garçons et en jupettes et chemises ouvertes pour les filles. Normalement, en allant à l’école, l’élève doit être propre et présentable. Cela prouve que son objectif sera certainement atteint, parce qu’il vient  pour étudier. Mais au lieu de cela, les élèves  s’habillent actuellement, comme des vedettes de spectacle,» clame- t-il.

La coiffure prisée par ces élèves, filles et garçons, laisse à désirer, selon Amadou Barry, qui s’interroge : « moi je ne sais pas exactement ce qu’ils appellent la mode, mais ils ont une coiffure très extravagante. De nos jours, filles et garçons se font tresser ou couper les cheveux, sans aucune distinction. On a même vu des garçons dans des écoles avec des tresses, sans parler des mèches et rasta qui descendent jusqu’aux fesses, avec des hauts talons,» condamne-t-il.

« Les élèves doivent comprendre que certaines tenues sont spécialement pour les stars sur scène et ce, uniquement sur le podium et non pour se pavaner avec, dans les villes où dans les lieux, comme les écoles et autres. C’est totalement différent. Il faudrait que les jeunes le comprennent. Mais hélas, les encadreurs ne peuvent pas gérer directement cette situation. Il faut impérativement que les fondateurs et responsables d’école imposent des règles strictes,» estime Tahirou Baldé, instituteur en service à Labé.

’Les parents d’élèves ont une lourde part de responsabilité’’ renchérit cet élève qui condamne le comportement malsain de bon nombre de ses pairs : « présentement, les élèves s’habillent n’importe comment. Ils se vantent de leurs tenues en lieu et place du savoir qu’ils sont censés acquérir à l’école. Au lieu de chercher à étudier, ils essaient de paraître ou se faire plaire. Mais moi, je ne condamne pas mes camarades, c’est plutôt la faute aux parents qui paient ces tenues et permettent aux enfants de sortir avec, pour se rendre à l’école. Des parents qui ne se soucient même pas de la formation de leurs rejetons. Eux, c’est le plaisir des enfants qui prime, » dénonce Alpha Barry, en classe de terminale.

Pour ce responsable d’établissement qui a préféré garder l’anonymat, des mesures sont prises par plusieurs établissements, pour mettre fin à ces pratiques: «quand je prends spécifiquement le cas  de mon établissement, des mesures sont mises en place pour freiner ce fléau, qui donne une mauvaise image de l’école. Ici on a tout fait, on a renvoyé des élèves, on a puni on a même radié  certains, mais, …  il y a toujours des récidivistes. Je pense que les parents d’élèves doivent en faire autant, parce que c’est quand on se donne les mains, qu’on va voir le changement. »

Il faut signaler qu’en plus du mode vestimentaire proprement dit et de ses dérivés, des affrontements éclatent souvent entre des écoles voisines à Labé. Des affrontements qui entraînent souvent des blessés graves, comme la dernière fois (mi-février 2024), entre le collège Konkola et le groupe scolaire Saint André. Face à cette situation, le gouverneur de région a annoncé, à travers un communiqué radiodiffusé, des patrouilles aux abords des écoles du centre-ville.